Intervention féministe

 

Beaucoup d'organismes œuvrant auprès des femmes et des adolescentes victimes d'agression sexuelles travaillent dans une perspective féministe et ont développé au cours des ans de nouvelles approches d'interventions.

L'intervention féministe est née dans les années 1970, dans la foulée des changements réclamés par les mouvements féministes. Les revendications visaient alors à répondre aux besoins des femmes d'être écoutées et soutenues sans jugement et à garder en perspective l'analyse sociale des violences faites aux femmes.

L'approche féministe repose sur la reconnaissance de la violence sexuelle comme phénomène découlant des structures patriarcales de la société. Les groupes féministes critiquent notamment le contrôle social exercé sur les femmes et se refusent à réduire la souffrance des femmes ou leurs symptômes à des pathologies individuelles. Ils considèrent donc les violences sexuelles comme une violence systémique. Pour ces groupes, l'analyse sociale et la mobilisation dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants restent les moyens privilégiés pour aboutir à des changements sociaux et politiques.

Cette approche alternative prône des rapports égalitaires dans la relation d'aide ainsi que la valorisation de l'autonomie des femmes. Elle a comme principe fondamental la reprise de pouvoir de la femme sur sa vie ainsi que la possibilité d'une participation à des actions collectives pour viser des changements sociaux.
 

L'intervention féministe

Principes fondamentaux

Principe 1: les femmes et les enfants ne sont en aucun cas responsables de la violence subie.
Principe 2: les femmes ont droit à l'autonomie, au respect et à la liberté.
Principe 3: les femmes ont le potentiel et les habiletés pour diriger leur vie et prendre des décisions dans leur intérêt.

Principe ultime

Les femmes reprennent du pouvoir sur leur vie à travers la solidarité entre elles, les rapports égalitaires et la défense de leurs droits.

L'intervention féministe a pour objectifs et pour stratégies de:

    • soutenir et respecter les femmes dans leurs démarches;
    • n'imposer aucune forme d'intervention;
    • respecter les choix, les valeurs et les besoins des femmes et éviter le jugement;
    • faire alliance avec les femmes et établir un lien de confiance;
    • favoriser l'empowerment des femmes ou la reprise de pouvoir sur leur vie;
    • travailler à la conscientisation des femmes en prenant en compte la pluralité et la complexité des expériences d'oppression;
    • favoriser des rapports égalitaires, avec la prise de conscience et l'analyse des rapports de pouvoirs et des privilèges de certains;
    • reconnaître l'intersectionnalité des oppressions, c'est-à-dire reconnaître que certaines femmes peuvent vivre plusieurs formes d'oppressions reliées à leur statut, leur classe, leur race, leur orientation sexuelle ou leur handicap physique, et que ces formes d'oppressions peuvent les rendre plus vulnérables et à risque d'agression sexuelle;
    • briser l'isolement des femmes et développer leur solidarité;
    • lutter pour un changement individuel et social.

L'intervention féministe d'hier à aujourd'hui. Portrait d'une pratique sociale diversifiée. Christine Corbeil et Isabelle Marchand, 2010.

 
 

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